François-Xavier Fauvelle
| Directeur TRACES (d) | |
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| Directeur Centre français des études éthiopiennes | |
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| Directeur de recherche au CNRS |
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| Nationalité | |
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Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne (doctorat) (jusqu'en ) |
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| A travaillé pour |
Délégation Midi-Pyrénées (d) ( - Université de Princeton Collège de France Université du Witwatersrand Centre national de la recherche scientifique |
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| Membre de |
TRACES (d) |
| Directeur de thèse | |
| Distinctions |
François-Xavier Fauvelle, ou François-Xavier Fauvelle-Aymar[1], né le , est un historien et archéologue français spécialiste de l’Afrique. Il est le premier professeur du Collège de France à détenir une chaire permanente et intégralement consacrée à l'histoire de l'Afrique ancienne.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et études
[modifier | modifier le code]Il étudie d'abord la philosophie et obtient un DEA dans cette discipline[2]. Il suit ensuite des études en histoire, obtient un DEA auprès de Jean Boulègue[3] ainsi qu'un master, puis devient docteur en histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Travail
[modifier | modifier le code]Il est désormais directeur de recherche du CNRS au laboratoire TRACES à l’université Toulouse-Jean-Jaurès[4].
Issu du Centre de recherches africaines de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il a été en poste à l’Institut français d’Afrique du Sud à Johannesbourg de 2005 à 2006 et directeur du Centre français d’études éthiopiennes à Addis-Abeba en Éthiopie de 2006 à 2009.
Initialement spécialiste de l’Afrique du Sud et des pays voisins à la période moderne et contemporaine, il s’est intéressé aux relations entre données historiques et archéologiques pour les périodes plus anciennes, et a entamé en parallèle un déplacement de ses recherches vers l’Éthiopie et l’Afrique de l’Ouest. Son livre Le Rhinocéros d'or publié en 2013 a connu un très grand succès dans la presse et auprès du grand public[5]. Il dirige des recherches archéologiques sur la ville médiévale de Sijilmassa au Maroc.
En , François-Xavier Fauvelle est élu à la tête de la première chaire pérenne consacrée à l’Afrique du Collège de France[6] : chaire d'Histoire et archéologie des mondes africains. Il a notamment dirigé l'écriture d'un vaste ouvrage de synthèse sur l'Afrique ancienne, L’Afrique ancienne de l’Acacus au Zimbabwe, publié dans la collection « Mondes Anciens » des éditions Belin[7]. Il a prononcé sa leçon inaugurale au Collège de France, intitulée « Leçons de l'histoire de l'Afrique », le [8]. Dans ses ouvrages comme dans ses interventions médiatiques, il s'est exprimé avec force contre les représentations stéréotypées de l'histoire de l'Afrique selon lesquelles les sociétés de ce continent seraient demeurées, jusqu'à l'époque coloniale, des sociétés anhistoriques et immuables[9],[10],[11].
Œuvre
[modifier | modifier le code]Penser l'histoire de l'Afrique
[modifier | modifier le code]Dans son essai de 90 pages et 8 chapitres Penser l'histoire de l'Afrique, Fauvelle présente son parcours d'historien et ouvre une réflexion approfondie sur la façon dont l’histoire de l’Afrique a été et continue d’être élaborée et perçue[12],[13]. Le livre souligne enfin la richesse et la diversité des sources encore à explorer, offrant un champ de recherche fécond pour les historiens[12].
L'ouvrage explique le dilemme qu'est de défendre l'histoire de l'Afrique « en affirmant ses spécificités » ou « sa banalité »[12] et propose une réflexion sur les biais et les préjugés qui ont longtemps marqué l’écriture de l’histoire du continent, des « idéologies racistes » aux approches partiales de l’époque moderne[14]. Fauvelle montre comment l’historien de l’Afrique doit constamment justifier la légitimité de son champ, face à des idées reçues, qui mènent par exemple à des refus de financements de recherches[15]. L’auteur dialogue aussi avec les travaux de Cheikh Anta Diop, dont il critique certaines thèses, tout en reconnaissant l’importance de ses questions pour la recherche contemporaine[15]. L'historien mentionne également la première séance de son cours consacré à l'histoire du Mali, lors de laquelle il « décrypte » la page Wikipédia du royaume.
L’ouvrage expose les enquêtes menées par l’auteur tout en découvrant les résultats de ses travaux et interroge les modalités d’étude et de construction d’une histoire de l’Afrique, soulignant la nécessité d’une approche multidisciplinaire croisant archéologie, anthropologie, histoire, linguistique et épigraphie pour reconstituer ce « puzzle » historique. Fauvelle insiste sur l’importance de maîtriser plusieurs langues, de collaborer avec d’autres chercheurs et de faire dialoguer les savoirs, tout en acceptant les silences des sources[12]. Il montre comment les sociétés africaines médiévales, souvent étudiées à travers des sources extérieures (textes arabes ou européens), nécessitent une approche pluridisciplinaire et une grande prudence méthodologique[15]. Fauvelle souligne aussi le rôle central des griots, dépositaires de la mémoire orale, souvent marginalisés par les sources écrites dominantes qui offrent des récits et des généalogies qui complètent ou contredisent parfois les archives textuelles, dans la transmission de l’histoire africaine.
Tout en offrant une analyse critique de l’historiographie africaine, Fauvelle éclaire l’histoire du continent, de la période médiévale à l’époque contemporaine, en mobilisant ses découvertes personnelles et en exposant les approches spécifiques à ce domaine, comme en témoigne son livre Le Rhinocéros d’or[12]. L’ouvrage met en avant la richesse et la diversité des sociétés africaines, de l’Antiquité à l’époque contemporaine, en s’appuyant notamment sur l’exemple des Khoïkhoï[14]. La découverte de sites comme l’Awfât, capitale d’un royaume musulman médiéval, ou ses fouilles à Mapungubwe, démontrent l’importance de l’archéologie pour combler les silences des sources textuelles[15].
Il propose des pistes de recherche inédites, tout en pointant les défis persistants, comme les silences historiographiques autour de la capitale du Mali au XIVe siècle ou d’autres épisodes majeurs de l’histoire médiévale africaine[12].
Fauvelle appelle à dépasser les débats stériles entre afrocentrisme et visions colonialistes, pour mettre en avant la singularité des trajectoires africaines, comme la diversité linguistique ou les choix technologiques propres au continent. Il conclut que les lacunes documentaires ne doivent pas être perçues comme des faiblesses, mais comme des opportunités pour innover dans les méthodes et les collaborations scientifiques[15]. Ses réflexions rejoignent celles d’autres historiens de l’Afrique, comme Catherine Coquery-Vidrovitch, qui ont également travaillé à la légitimation et au renouvellement des études sur le continent[15].
Publications
[modifier | modifier le code]Ouvrages
[modifier | modifier le code]- L'Afrique de Cheikh Anta Diop : histoire et idéologie, Paris, Karthala, 1996.
- Afrocentrismes : l'histoire des Africains entre Égypte et Amérique (dir. avec Jean-Pierre Chrétien et Claude-Hélène Perrot), Paris, Karthala, 2000.
- L'Invention du Hottentot : histoire du regard occidental sur les Khoisan, XVe – XIXe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002.
- Cuisine et société en Afrique : histoire, saveurs, savoir-faire (dir. avec Monique Chastanet et Dominique Juhé-Beaulaton], Paris, Karthala, 2002.
- Le retour des rois : les autorités traditionnelles et l’État dans l’Afrique contemporaine (dir. avec Claude-Hélène Perrot), Paris, Karthala, 2003.
- Henry Francis Fynn, Chaka, roi des Zoulous (édition révisée et annotée par F.-X. Fauvelle-Aymar), Toulouse, Anacharsis, 2004.
- Histoire de l’Afrique du Sud, Paris, Le Seuil, coll. « L’univers historique », 2006 (édition de poche mise à jour, coll. « Points Seuil », 2013).
- La Mémoire aux enchères : l'idéologie afrocentriste à l’assaut de l’histoire, Paris, Verdier, 2009.
- Vols de vaches à Christol Cave : histoire critique d’une image rupestre d’Afrique du Sud, avec François Bon et Jean-Loïc Le Quellec, Paris, Publications de la Sorbonne, 2009.
- Espaces musulmans de la Corne de l’Afrique au Moyen Âge : études d’archéologie et d’histoire (dir. avec Bertrand Hirsch), Paris, De Boccard-CFEE, 2011.
- La Culture Shay d'Éthiopie : archéologie et histoire d’une élite païenne (dir. avec Bertrand Poissonnier), Paris, De Boccard-CFEE, 2012.
- Le Rhinocéros d'or : histoires du Moyen Âge africain, Paris, Alma, 2013 (édition de poche, coll. « Folio Histoire », Gallimard, 2014 ; 2e éd. revue et augmentée, Tallandier, 2022).
- Les Ruses de l’historien : essais d’Afrique et d’ailleurs en hommage à Jean Boulègue, Paris, Karthala, 2013.
- Convoquer l’histoire : Nelson Mandela : trois discours commentés, Paris, Alma, 2015.
- À la recherche du sauvage idéal, Paris, Le Seuil, 2017, 222 p., (ISBN 978-2-0213-7017-1).
- L'Afrique ancienne : de l'Acacus au Zimbabwe. 20 000 ans avant notre ère - XVIIe siècle, Paris, Éditions Belin, coll. « Mondes anciens », , 680 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1, présentation en ligne).
- Atlas historique de l’Afrique de la préhistoire à nos jours, dir. François Xavier Fauvelle et Isabelle Surun, cartographie Guillaume Balavoine, Autrement, 2019, « Atlas/Mémoires », 96 p. (ISBN 978-2-7467-5114-9).
- Penser l'histoire de l'Afrique, Paris, Coll. Les grandes voix de la recherche, CNRS éditions, 2022 (ISBN 978-2-271-14262-7).
- Les masques et la mosquée : l'empire du Mâli (XIIIe – XIVe siècle), Paris, CNRS Éditions, coll. « Zéna », , 295 p. (ISBN 978-2-271-14370-9, présentation en ligne).
- L'Afrique et le monde : histoires renouées (dir. François Xavier Fauvelle et Anne Lafont), La Découverte, 2022.
- Malfante L'Africain: Relectures de la Lettre du Touat (1447), Livre de Benoît Grévin, François-Xavier Fauvelle et Ingrid Houssaye Michienzi (2023), 203 p. (ISBN 978-2-503-60266-0).
Articles
[modifier | modifier le code]- Clémentine Gutron, Kahina Mazari, Meriem Sebaï et Ahmed Skounti, « Les savoirs archéologiques au Maghreb », Perspective, no 2, , p. 15-29 (DOI 10.4000/perspective.7422, lire en ligne, consulté le ).
Distinctions
[modifier | modifier le code]- Médaillé de bronze du CNRS en 2007[16], il a reçu le Grand prix des Rendez-vous de l'histoire pour Le Rhinocéros d'or[17].
- François-Xavier Fauvelle est élu professeur au collège de France en 2018.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ « Fauvelle-Aymar, François-Xavier (1968-....) » (notice), sur catalogue.bnf.fr.
- ↑ « Biographie », sur college-de-france.fr (consulté le )
- ↑ François-Xavier Fauvelle, Penser l'histoire de l'Afrique, Paris/14-Condé-en-Normandie, CNRS éditions / De vive voix / Corlet impr., dl 2022, 94 p. (ISBN 978-2-271-14262-7 et 2-271-14262-8, OCLC 1311379450, lire en ligne), p.39 et 47-48
- ↑ François-Xavier Fauvelle sur le site du laboratoire TRACES.
- ↑ [PDF] Revue de presse du Rhinocéros d'or sur le site de l'éditeur
- ↑ Joan Tilouine, « L’homme qui voulait moderniser l’histoire ancienne de l’Afrique », Le Monde, (lire en ligne)
- ↑ « François-Xavier Fauvelle : « Il ne s’est pas "rien" passé en Afrique pendant qu’on peignait Lascaux » », Libération, (lire en ligne)
- ↑ Leçon inaugurale François-Xavier Fauvelle au Collège de France.
- ↑ « « Nos sociétés contemporaines souffrent d’un déni de l’historicité des sociétés africaines » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Contre le "déni", un historien fait entrer l'Afrique ancienne au Collège de France », sur LExpress.fr, (consulté le )
- ↑ « Collège de France : leçon inaugurale de François-Xavier Fauvelle pour la première chaire permanente dédiée à l'Afrique », sur Franceinfo, (consulté le )
- Delphine Peiretti-Courtis, « F auvelle F rançois -X avier , Penser l’histoire de l’Afrique , Paris, CNRS éditions, 2022, 94 p., 8 €: », 20 & 21. Revue d'histoire, vol. N° 156, no 4, , p. 267–267 (ISSN 2649-664X, DOI 10.3917/vin.156.0267, lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Penser l’histoire de l’Afrique avec François-Xavier Fauvelle : épisode 1/3 du podcast Écrire l’histoire de l’Afrique », sur France Culture, (consulté le )
- Olivier Piot, « Penser l'histoire de l'Afrique », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
- Matheo Malik, « Retrouver les Afriques du Moyen Âge », sur Le Grand Continent, (consulté le )
- ↑ [PDF] François-Xavier Fauvelle sur le site du CNRS
- ↑ Grand prix des Rendez-vous de l'Histoire
Liens externes
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- Ressources relatives à la recherche :
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- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Site du Collège de France.
- Historien français du XXe siècle
- Historien français du XXIe siècle
- Professeur au Collège de France
- Archéologue français du XXe siècle
- Archéologue français du XXIe siècle
- Docteur en histoire de l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Lauréat de la médaille de bronze du CNRS
- Directeur de recherche au CNRS
- Historien de l'Afrique
- Naissance en janvier 1968